UNE EQUIPE
Depuis le 15 janvier, sous la houlette d’Antoine Valente, meneur du projet, en compagnie de Benn Valter, les décors de l’expo ont pris corps dans l’atelier du Bazarnaom, suscitant bien des fois la curiosité des oeuvrières de BazZarville. L’équipe de construction s’est au fur et à mesure étoffée avec Marion Danlos et Yolène Guais aux ouvrages textiles, Zonk et Philippe Guitton à la création sonore, Audrey Quesnel à la création lumière. Durant la construction, plusieurs mains valeureuses et adroites ont apporté leur concours bénévole : Grand Ben Silbermann stagiaire menuisier, Anne-Laure Guais docteur ès vagues de bois, Corinne Victor experte des patines antiques ou encore Loïc Arnaud, Monsieur Loïc, spécialiste du tour à bois entre autres.
L’exposition – Embarque avec tes héros Grecs – débute le 15 Avril au musée de Vieux-la-Romaine et sera présentée jusqu’au mois de décembre 2023.
LE REEMPLOI
La réalisation de cette ouvrage a de quoi ravir. Il contribue à la visibilité des savoir-faire du collectif, participe à sa vie économique et propose une rémunération à des équipes professionnelles (bien souvent en hyperactivité bénévole). Et, cerise sur la cerise, notre capacité à transformer la matière oubliée en œuvre d’art se révèle complètement avec cette exposition : environ 80 % des matériaux utilisés pour la fabrication sont issus du ré-emploi que nous mettons en place, de manière très concrète depuis notre arrivée sur la presqu’île.
Bois, peintures, textiles, métaux, mousses et polystyrènes notamment, proviennent de notre modeste ressourcerie. Un tel projet ne pourrait voir le jour si nous devions acheter les matériaux, dont le coût a littéralement explosé ces deux dernières années.
Cependant, nos limites de stockage sont au maximum. Les heures passées à collecter, trier, répertorier et ranger les merveilles que nous glanons sont nombreuses et toujours bénévoles. En revanche, aucun doute, c’est bien la voie à suivre. Être là avant la poubelle. Avant que ne sombrent dans l’oubli des siècles, en cadeau empoisonné pour nos mômes, tous les objets, les choses, les matières que l’on croit mortes mais qui ne demandent qu’à revivre.
UNE RESSOURCERIE ARTISTIQUE ET CULTURELLE
La ressourcerie de nos rêves, pour l’heure, joue l’Arlésienne. Il y a encore trop de timidité de la part des collectivités pour se lancer dans la bataille. Il faudrait un espace, vaste, accessible. Il faudrait des véhicules idoines, organiser des collectes, gérer des dépôts. Il faudrait des moyens économiques pour salarier les différents postes incontournables de pareille entreprise. Collectage, triage, reconditionnement, stockage, inventaire permanent, revente. Il faudrait inviter les chercheurs en herbe ou aguerris à travailler sur les matériaux complexes comme les plastiques.
Une telle ressourcerie pourrait devenir un point de référence pour les créateurices désirant confronter leurs intentions artistiques à la matière qui se présente. Un point de jonction aussi, pour faire se rencontrer des populations, que le désir de faire autrement anime. Alors que se préparent les festivités du Millénaire de la ville de Caen, la commune serait bien avisée de promouvoir un lieu exhibitoire et populaire, totalement dévolu aux arts de la matière transcendée. Une grande cathédrale profane, érigée non pour un dieu mais en hommage à l’humanité.
« Sainte récup’, triez pour nous »
Allegria, Anarkhia
Benn Valter